Montbrison (42), Boulevard Duguet. Les fortifications de la seconde enceinte - LARA - Libre accès aux rapports scientifiques et techniques
Rapport (Rapport De Recherche) Année : 2024

Montbrison (42), Boulevard Duguet. Les fortifications de la seconde enceinte

Résumé

Dans le cadre de la consolidation des fortifications conservées le long du boulevard Duguet à Montbrison (fig. A), une étude archéologique mixte a été prescrite par le service régional de l’archéologie. Entre le 15 octobre 2020 et le 8 septembre 2021, une équipe de deux à cinq archéologues a étudié les élévations de cette fortification sur une centaine de mètres linéaires et a procédé à la fouille d’une surface de 75 m² à l’arrière de la tour la plus au nord de l’emprise, jusqu’à une profondeur de 7,50 m. La mise en perspective des données issues de l’étude des élévations et des vestiges enfouis a permis de restituer la chronologie de la portion d’enceinte conservée boulevard Duguet et de documenter une partie des occupations qui se sont développées derrière ces murs. Sept états ont été identifiés, répartis du haut Moyen Âge jusqu’à la période contemporaine (fig. B). Le premier état correspond à une occupation domestique et artisanale durant le haut Moyen Âge, dans un espace alors dénué de fortification. Il se caractérise par un sol de mortier et un foyer, ainsi que deux murs perpendiculaires appartenant à un bâtiment. Cette occupation est datée de la fin du haut Moyen Âge par radiocarbone et par l’analyse du mobilier métallique. Le deuxième état est une occupation du Moyen Âge central, très partiellement perçue, sous la forme d’un lambeau de sol et de deux murs. Elle a été rapidement recouverte par un nouvel apport de remblai contenant du mobilier que l’on peut rattacher à une période comprise entre la fin du XIIIe siècle et le début du XVe siècle. Le troisième état coïncide avec la construction de la seconde enceinte, puis l’installation de maisons dans l’espace intra muros durant le XIVe siècle. L’étude a apporté de nouvelles données sur la datation de cette enceinte urbaine centrée autour du château, en révélant que sa construction, autorisée dans la charte de franchise en 1223, s’est poursuivie jusque dans le courant du XIVe siècle. Les constructeurs de cette enceinte ont utilisé la technique des fondations sur arcs, présentant le triple avantage d’assurer la solidité de l’ouvrage, de représenter une économie de matériau et un gain de temps dans la construction. Dans ce même état, un des autres apports essentiels de cette étude a été la découverte d’un système d’évacuation des eaux à travers la courtine. Cet élément, contemporain de la construction de la fortification, était lié à l’habitat intra muros, dont les vestiges d’une maison ont également été mis au jour. Cette maison était séparée de l’enceinte par un espace de circulation de 1 m de large. Cette découverte trouve un écho avec la vignette de l’armorial de Revel où l’on voit des maisons serrées contre l’enceinte. Cet habitat a subi des modifications et a été partiellement remblayé avant le milieu du XVe siècle. Le quatrième état est à associer à plusieurs phases d’entretien des fortifications et à l’évolution de l’habitat, lors d’une période couvrant la fin du XIVe siècle et le début du XVe siècle. Moins d’un siècle après leur construction donc, les courtines nécessitaient des travaux d’entretien, voire des reconstructions complètes de parties de murs. L’ensemble des élévations étudiées a également fait l’objet d’un rejointoiement. Par ailleurs, le plan de la maison appartenant à l’état III a été modifié et s’étendait alors jusqu’à la courtine, oblitérant l’espace de circulation. Le cinquième état se caractérise par une transformation de la morphologie des fortifications avec l’ajout de tours semi-circulaires contre les courtines, dans la seconde moitié du XVe siècle. Il est en lien avec la construction de l’enceinte urbaine, envisagée à partir de 1409. En effet, la moitié ouest de la seconde enceinte se trouvait incluse dans le nouvel espace intra muros et perdait donc son utilité, tandis que l’autre moitié, qui fait l’objet de cette étude, continuait à participer à la défense de la ville. Elle a donc été modifiée rapidement après la construction de l’enceinte urbaine par l’ajout de tours semi-circulaires, harmonisant ainsi l’ensemble de la clôture de la ville. Quatre de ces tours ont été étudiées. Elles étaient dotées d’archères-canonnières qui avaient une fonction symbolique puisque la chambre de tir n’était pas accessible. L’étude a également montré que ces tours avaient été comblées rapidement après leur construction par des rejets de dépotoir. Les tours ainsi comblées faisaient probablement office de cavalier, élément de fortification qui s’élevait au-dessus d’un autre élément fortifié, de manière à y placer de l’artillerie. Le sixième état regroupe les nombreuses opérations de consolidation des fortifications, entre le XVIIe et le XXe siècle. Ces opérations ont pris la forme de reconstructions partielles des courtines et des tours, de rejointoiements et de constructions de contreforts venant soutenir les courtines. Les fortifications qui se trouvent le long du boulevard Duguet n’ont pas subi le même sort que le reste de l’enceinte, démantelée à partir de la fin du XVIIIe siècle afin d’assainir la ville et d’en améliorer la circulation. Leur préservation s’explique par le rôle de murs de soutènement du jardin associé à l’hôtel particulier, dit de La Noérie (actuel collège Victor de Laprade) construit au XVIIIe siècle à l’arrière des courtines. Le septième état concerne enfin la réoccupation de l’espace derrière ces murs, du XVIIIe siècle à nos jours, en lien avec le jardin d’agrément de l’hôtel particulier de La Noérie puis plus tard du collège Victor de Laprade.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04544242 , version 1 (12-04-2024)

Licence

Copyright (Tous droits réservés)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04544242 , version 1

Citer

Cécile Rivals, Alice Borel, Emilien Bouticourt, Camille Collomb, Julien Collombet, et al.. Montbrison (42), Boulevard Duguet. Les fortifications de la seconde enceinte. Archeodunum. 2024. ⟨hal-04544242⟩
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