Noyant-Villages (49), Manoir de Poizieux, Étude archéologique du bâti
Résumé
Situé dans la commune de Noyant-Villages, département du Maine-et-Loire, le site de Poizieux est implanté en haut d’un coteau dominant la rivière du Couasnon, au sein d’un territoire agricole. Il s’agit d’un complexe manorial de la fin du Moyen Âge et de l’époque moderne dont l’emprise est encore délimitée par un mur de clôture. L’espace est organisé autour d’une cour centrale avec le manoir seigneurial au nord et des bâtiments économiques à l’ouest et au sud. On retrouve également une petite chapelle, à l’angle nord-est de l’enclos légèrement isolée de la cour. Enfin, l’accès principal au complexe se faisait par le sud via un pigeonnier-porche. Depuis le XIXe siècle, le site perd peu à peu sa fonction élitaire pour devenir une stricte exploitation agricole. Ceci a eu pour conséquence, jusqu’à récemment, la modification voire la restructuration de certains édifices et l’ajout de hangars. Le site de Poizieux est très mal documenté et la bibliographie à son encontre est pauvre au point où l’ensemble de la chronologie des constructions restent encore à déterminer. Les bâtiments du complexe sont construits en matériaux locaux : du calcaire lacustre et du falun affleurant à proximité du site ainsi que des pierres de taille en tuffeau beaugeois.
Le bâtiment économique situé à l’ouest de la cour va être transformé en habitation par les nouveaux propriétaires des lieux. Dans ce cadre, une opération d’archéologie préventive a été prescrite laquelle s’est déroulée avant la réalisation des travaux. L’édifice mesure 15,75 m de long pour 9,75 m de large hors-œuvre avec une hauteur de 11,35 m au sommet des pignons et de 4,5 m pour les gouttereaux. Actuellement, l’édifice est divisé en deux niveaux : un rez-de-chaussée d’une hauteur sous-plafond de 3 m et d’un étage sous charpente. Une extension accolée au pignon nord au cours du xxe siècle a été exclu de la prescription. L’objectif de l’intervention était d’établir un phasage chronologique et de déterminer ses usages.
Grâces aux éléments architecturaux et aux datations archéométrique (dendrochronologie de la charpente et datation 14C), trois grands programmes architecturaux ont pu être mis en évidence. La phase primitive, datée du XVIe siècle, comprend l’édification du bâtiment dans son plan et ses dimensions actuelles ainsi que la partie septentrionale de la charpente. Des accès sont conservés en direction de l’ouest. Au XVIIIe siècle, des portes sont percées dans le mur oriental, permettant de desservir le bâtiment depuis la cour principale. Nous notons également l’ajout de contreforts à une période indéterminée afin de contenir le versement du gouttereau oriental. Enfin, la troisième phase consiste en un profond remaniement de l’édifice à la fin du XIXe ou du début du XXe siècle. Les accès se situent dorénavant sur les pignons nord et sud, les précédents ayant été comblés. Huit petites baies en brique sont créées dans les gouttereaux et l’actuel plancher de l’étage est mis en place. Cette phase comprend également une réfection de la charpente suite à la chute du mur pignon sud, dans le premier quart du XIXe siècle. Des reprises sont à noter durant le XXe siècle, notamment la création de stabules dans la partie basse du bâtiment ainsi que la création d’un accès, à l’étage, pour desservir l’extension accolée au nord.