L'ouest atlantique : contribution de l'Etat à de nouveaux enjeux interrégionaux
Résumé
Dans le document introductif aux schémas de services collectifs, l'État a réaffirmé son ambition de faire exister, à côté de la région parisienne, appelée à conserver son rôle mondial, plusieurs ensembles d'envergure internationale, fruits de la coopération interrégionale. Destiné à abriter des centres de décisions plus autonomes, chacun de ces ensembles devra s'organiser autour de métropoles régionales quantitativement renforcées, enrichies des fonctions stratégiques, regroupant des compétences professionnelles et disposant d'une offre culturelle de haut niveau, proposant des formations supérieures et des capacités de recherche intemationalement reconnues. A cette fin, l'État souhaite encourager et privilégier les stratégies de coopération interrégionale, notamment en ce qui concerne la conception et la définition des services stratégiques au regard des perspectives d'internationalisation des économies régionales, l'organisation des ressources et des équipements nécessaires au développement économique, scientifique et social, et l'anticipation et la gestion des grands défis environnementaux. Le Grand Ouest (ou Ouest atlantique) est l'un des six grands espaces interrégionaux ainsi identifiés, qui traduisent le choix effectué du « polycentrisme maillé », considéré comme le mieux à même de concilier ces trois impératifs du développement durable que sont la solidarité et la cohésion sociale, la performance économique, la préservation des équilibres environnementaux. Il rassemble, sur la base d'une identité géographique commune marquée notamment par l'océan et les îles, les zones humides et les estuaires, les trois régions Bretagne, Pays de la Loire et Poitou-Charentes, soit treize départements. Il subit une influence forte et directe du Bassin parisien sur sa bordure orientale, et partage avec le Sud-Ouest, en particulier avec l'Aquitaine, sur laquelle il est naturellement ouvert, bon nombre de problèmes et d'enjeux, en premier lieu en matière maritime et littorale. Il en est de même avec la Normandie pour sa partie nord-est. Son identité géographique se double d'une réelle identité culturelle et sociale, que traduisent aussi bien la relative homogénéité des structures socioprofessionnelles qu'une certaine similitude de comportements individuels et collectifs spécifiques (culture de réseau, poids de la vie associative, rôle de l'économie sociale, développement des solidarités territoriales à travers l'intercommunalité). Situés à l'extrémité occidentale de la France et de l'Europe, ces territoires se sont néanmoins trouvés, d'un point de vue économique, en position centrale du XVIe au XIXe siècle, du fait de leur rôle prédominant dans les échanges entre l'Europe et le reste du monde. En revanche, ils ont été progressivement marginalisés par le développement, à compter du XIXe siècle, d'un nouveau système technico-économique fondé sur l'industrialisation et la polarisation, prélude à la division spatiale du travail. La centralité de l'Ouest atlantique s'est ainsi transformée en périphéricité. Cela est particulièrement sensible pour la Bretagne dont le caractère péninsulaire accroît encore l'éloignement. L'évolution de cet espace et son avenir ont fait l'objet, pour ne parler que de la dernière décennie, de réflexions prospectives conduites, ensemble ou séparément, par les responsables et les acteurs de l'aménagement et du développement. Depuis le grand chantier « façade atlantique », lancé à l'initiative de la Datar au début des années 90, et qui associait les préfets de région et les présidents des conseils régionaux, les travaux et les propositions se sont multipliés. Les socioprofessionnels ont pris une place importante dans ce mouvement, en particulier par le biais des conseils économiques et sociaux régionaux. Cette démarche partagée, qui a conduit à des analyses le plus souvent convergentes, a abouti au renforcement de la volonté de coopération interrégionale. Déjà ancienne, symbolisée d'une certaine manière par la création de l'association Ouest atlantique dès 1970, cette volonté a pu se concrétiser davantage à l'occasion de la préparation et de la mise en oeuvre du programme européen Interreg par exemple. Cette tendance, ancienne et forte, à la réflexion et à l'action communes, s'est accentuée ces dernières années, en même temps que se renouvelaient les approches en matière d'aménagement du territoire et de développement, aussi bien au plan national (débats et lois d'orientation) qu'à l'échelle européenne (élaboration du schéma de développement de l'espace communautaire - SDEC). Alors que le phénomène de la mondialisation s'affirme chaque jour davantage et que l'on est à la veille de l'élargissement de l'Union européenne aux pays d'Europe centrale et orientale, l'ensemble des décideurs et des acteurs ressent la nécessité d'approfondir et d'enrichir cette démarche, en actualisant leurs analyses de manière à identifier les défis des prochaines années et à proposer des pistes pour y faire face. Tel est l'objet du présent document de présentation des réflexions préalables de l'État sur l'espace interrégional Grand Ouest. Son ambition est, en vertu du principe de subsidiarité qui légitime une approche interrégionale, de mettre en évidence les enjeux communs aux trois régions pour lesquels une action à l'échelle interrégionale apportera les réponses les plus efficaces. Cela explique le caractère parfois sélectif du propos, qui, bien entendu, ne saurait prendre tout son sens que relié à des analyses stratégiques conduites à d'autres échelles territoriales.
Domaines
GéographieOrigine | Fichiers produits par l'(les) auteur(s) |
---|
Loading...