Laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement : rapport d'activité 1987-1991
Résumé
L'intérêt croissant porté aux régions polaires d'une part, à l'évolution du climat et de l'environnement global d'autre part, a créé une conjoncture extrêmement favorable aux thèmes de recherche développés depuis près de 20 ans par le LGGE. Par ailleurs, les retombées de l'analyse et de l'interprétation des résultats de la carotte de Vostok ont fortement contribué à conforter les positions nationale et intemationale du Laboratoire dans ce type de recherche. Le LGGE a certes atteint son rythme de croisière mais cela n'exclut pas de nouvelles initiatives. Oublié le temps où les chercheurs du laboratoire n'étaient considérés que comme des pourvoyeurs de données. Ils participent désormais activement à l'élaboration des théories climatiques grâce notamment au renforcement de l'étage modélisation dans leurs recherches et à leur excellente insertion dans la dynamique internationale de "Global Change". D'une façon générale, un effort a été réalisé par les équipes pour faire connaître et prendre en compte les résultats glaciologiques dans le cadre des études sur la paléoclimatologie, la chimie atmosphérique, la mécanique et la physique des matériaux, l'astrophysique... Les dernières années ont été marquées par des prises de responsabilité accrues des personnels pour animer et organiser à Grenoble des réunions internationales de haut niveau : Symposium International sur les techniques de forage (octobre 88), 7ème symposium International du CACGP sur la Chimie de l'Atmosphère à l'Echelle du Globe septembre 90), ESF Workshop on Antarctic Paleoclimate (octobre 90), Journée Lliboutry (novembre 90). Le rôle du LGGE dans l'animation de programmes nationaux et internationaux est aussi attesté par le lancement d'Eurocore, puis de GRIP (programmes polaires où le LGGE est très fortement impliqué) dans ses engagements dans les comités du PNEDC, du PIREN, du SCAR, d'IPCC, d'IGBP (PAGES), d'IGAC (PASE), d'IASC (Comité International Arctique), d'Eurotrac, dans les péripéties de l'Institut Français de Recherche et Technologie Polaires, dans le Comité National... Le découpage des activités du LGGE en 5 équipes scientifiques a été mis en place par la nouvelle direction au début de 1989. La glace naturelle reste le fil conducteur reliant les travaux de ces équipes, mais le poids des études se rapportant au climat est considérable. C'est une discipline où nos résultats ont été d'une exceptionnelle importance et dans laquelle le LGGE a encore de belles cartes à jouer si les carottages profonds en cours et programmés arrivent à leur terme. Au sein de cette équipe, des sous groupes se dessinent, comme la modélisation des calottes polaires et la télédétection, qui devraient pouvoir prendre leur autonomie dans les années à venir. Dans IGBP les recherches de chimie atmosphérique ont récemment été regroupées sous la bannière du programme IGAC (international Global Atmospheric Chemistry). Au laboratoire les recherches correspondantes sont développées essentiellement par l'équipe glaciochimie qui s'intéresse non seulement au lointain passé mais aussi à la chimie atmosphérique globale actuelle ou récente (le dernier millénaire) et à l'impact des activités humaines sur son évolution. Bien que souffrant d'un manque d'effectifs, cette équipe a obtenu de nombreux résultats originaux et ses activités complètent la force du LGGE dans l'analyse et l'interprétation des carottages polaires à moyennes et grandes profondeurs tant en Antarctique qu'au Groenland. Le climat est aussi l'objectif principal de l'équipe "glaciers tempérés" dont les travaux visent à modéliser l'évolution des glaciers au cours du ou des derniers siècles en liaison avec les fluctuations climatiques récentes. Les mesures de terrain, de longue haleine, couvrent les Alpes Françaises et le Spitzberg. Cette activité traditionnelle du laboratoire revêt une grande importance au niveau de la région où l'expertise de l'équipe est particulièrement appréciée. Relevant du département SPI, l'équipe "Rhéologie des Glaces" expérimente ce matériau sous un angle complètement différent. Ses chercheurs s'intéressent aux propriétés physiques et mécaniques de la glace tant aux faibles qu'aux grandes vitesses de déformation. Les premières sont utilisées dans les travaux de modélisation des calottes polaires, les secondes trouvent leurs applications dans le PIGS (Programme Interactions Glace Structures). Les interactions entre les gaz et la glace sont étudiées en laboratoire par l'équipe 'Glaces extra- terrestres'. En effet, les comètes sont constituées d'agrégats de grains de poussière, de glace et de gaz adsorbés et l'équipe a trouvé là un créneau de recherche original, complété par la modélisation non seulement des comètes mais d'autres corps englacés du système solaire... L'expérience requise dans ce domaine pourrait trouver des applications dans l'étude des nuages stratosphériques polaires résultant de l'adsorption de gaz traces comme HN03 et HCI sur les particules de glace. Le Laboratoire apparaît donc comme une entité fortement pluridisciplinaire où la réunion sous un même toit de spécialistes de climatologie, chimie atmosphérique, mécanique, physique, physicochimie, astrophysique et bien sûr glaciologie présente de nombreux avantages. Ajoutons à cela la vaste couverture géographique des activités du LGGE : Arctique, Antarctique, Alpes, espace. Enfin il faut insister sur les services techniques du LGGE qui travaillent en prise directe avec les équipes de recherche. C'est bien sûr essentiel pour monter l'appareillage de laboratoire et les expérimentations de terrain. Ce l'est plus encore pour développer les nouveaux systèmes de carottage indispensables pour fournir aux chercheurs les carottes de glace qui leur sont nécessaires. Le travail en régions polaires n'est pas simple. Il requiert une excellente coordination entre chercheurs et techniciens. Soulignons tout de même que le LGGE s'est fixé un grand objectif d'ici à la fin du siècle : parvenir à une profondeur 4000 mètres en Antarctique. Le système a été testé avec succès jusqu'à 800 m de profondeur. Il s'agit maintenant de le mettre en oeuvre au Dôme C et d'atteindre, qui sait, pour la première fois, le million d'années. Le rapport qui suit développe dans le détail les résultats scientifiques et techniques des 4 dernières années (mi 87 - mi 91). Ce laps de temps recouvre un changement de direction (1/Oll89) donc une certaine évolution dans le mode de fonctionnement du LGGE. Le Professeur Lliboutry est parti à la retraite, nous regretterons Fernand Rapetto trop tôt disparu, d'autres ont préféré changer de cadre. Heureusement de nouvelles têtes sont apparues - chercheurs, techniciens. Ainsi va la vie d'un laboratoire...
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