Hépatite C : transmission nosocomiale, état de santé et devenir des personnes atteintes
Résumé
Environ 170 millions de personnes sont infectées par le virus de l’hépatite C(VHC) à travers le monde, dont 500 000 à 650 000 en France. La gravité del’infection par le VHC tient à la très haute fréquence de développement d’uneinfection chronique (55 à 90 % des patients), susceptible d’évoluer vers unecirrhose et éventuellement un cancer primitif du foie. Cela explique quel’hépatite C est devenue, en France comme en Europe, l’une des toutespremières causes de maladie chronique du foie et une indication majeure detransplantation.Le virus de l’hépatite C a été identifié en 1989. Des techniques de détectionsensibles ont été mises au point et ont en particulier permis la quasiéliminationdes hépatites post-transfusionnelles, qui étaient très majoritairementdues au VHC. La transmission du virus de l’hépatite C est en effetessentiellement due à une contamination par le sang. Après la transmissiontransfusionnelle, aujourd’hui maîtrisée, la transmission parmi les usagers dedrogue reste un souci majeur. Par ailleurs, pour environ 10 à 30 % despersonnes infectées, l’origine précise de la contamination ne peut être identi-fiée ; il est probable que pour une forte proportion d’entre elles, des pratiquesde soins mal contrôlées sont responsables de la contamination. Cette situationest d’autant plus préoccupante qu’il n’existe pas, malgré des pistes prometteuses,de vaccin disponible.Un progrès majeur de ces dernières années a été l’obtention de guérisons del’hépatite chronique C. Ce succès thérapeutique se traduit par un arrêt défi-nitif de la réplication virale, associé à la régression des lésions hépatiques.Globalement, environ 50 % des personnes chroniquement infectées par levirus de l’hépatite C peuvent être guéries par la combinaison interféronpégylé-ribavirine. Le taux de guérison dépend du génotype du VHC : il atteint80 % chez les patients infectés par le génotype 2 ou 3, mais est seulement de40 % chez ceux infectés par le génotype 1. Aujourd’hui encore, 50 % despersonnes traitées restent donc en situation d’impasse thérapeutique. Dans cecontexte, les enjeux de la recherche de nouvelles cibles thérapeutiques,comme le développement d’anti-enzymes spécifiques, sont majeurs.En 1999, le ministère de la Santé a lancé un programme national de luttecontre l’hépatite C : un effort considérable a été entrepris pour améliorer laprise en charge des malades atteints d’hépatite C au sein des hôpitaux etl’accès au dépistage a été renforcé. S’agissant de la recherche, des moyensimportants ont été mis en œuvre. L’Agence nationale de la recherche sur lesida (ANRS) a vu ses missions s’élargir à tous les domaines de recherche sur leshépatites C puis B. Récemment, l’Inserm a mis en place une action thématique concertée pourrenforcer le potentiel de recherche sur l’hépatite C en favorisant la coordinationentre toutes les équipes travaillant dans le domaine. Un programme,établi en concertation avec l’ANRS et le ministère de la Recherche assureainsi le continuum entre recherche fondamentale, recherche clinique etthérapeutique et recherche en santé publique. De même, l’Inserm a développéplusieurs actions (programme Avenir, accueil de médecins, contrats d’interface,réseaux de recherche clinique{) pour assurer un rapprochement permanententre la recherche fondamentale menée dans ses laboratoires et lesacteurs des services hospitaliers impliqués dans la recherche clinique. J’aisouhaité en outre impliquer étroitement l’ensemble de nos partenaires – académiques,médicaux et industriels – dans les programmes de recherche del’Institut.L’expertise collective présentée dans ce rapport répond pour la première fois àde nombreuses questions sur des aspects encore peu connus aujourd’hui del’infection par le virus de l’hépatite C. Dans une première partie, elle rendcompte des données les plus récentes sur les différents modes de contaminationpar le VHC et sur leur importance respective, notamment pour lescontaminations nosocomiales, sujet toujours très préoccupant pour les médecins,les décideurs et le public. Pour cette raison, la Direction générale de lasanté (DGS), demandeur de l’expertise, a souhaité un point des connaissancessur ces questions. Les experts ont souligné la nécessité du respect des règlesd’hygiène universelles, ainsi que d’une évaluation de l’application de cesrègles, seule mesure susceptible de faire chuter l’incidence des contaminationsrésiduelles en milieu de soins.Le devenir des personnes infectées par le VHC et les perspectives d’évolutionde l’infection constituent le sujet de la deuxième partie de l’expertise. Lesmodélisations présentées montrent que, malgré une probable diminution del’incidence de l’infection, les contaminations passées auront pour conséquencedans les vingt prochaines années une augmentation de la complicationla plus sérieuse de l’infection, le carcinome hépatocellulaire. L’effet destraitements récents, plus efficaces, pourrait toutefois limiter cette tendance.L’évaluation économique des stratégies de dépistage et de traitement qui estprésentée dans ce rapport est un élément d’éclairage pour les décisions ensanté publique. Enfin, les experts insistent sur l’intérêt de la prise en charge despatients en fonction du stade de leur maladie, du pronostic, mais aussi de leurqualité de vie, dimension encore trop peu présente dans la pratique médicale.Je remercie les scientifiques qui ont contribué à cet important travail, quidevrait être très utile, tant aux praticiens qu’aux décideurs des politiques desanté.
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Médecine humaine et pathologieOrigine | Fichiers produits par l'(les) auteur(s) |
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