L’idiot, l’animal et le poète. Du silence des bêtes aux silences des fous dans Silence de Didier Comès
Résumé
Cet article s'intéresse à un cas que le discours médical a souvent placé à la lisière de l'humanité et de l'animalité : l'idiot. Décrit par les aliénistes, mais aussi par la littérature, comme un animal humain, il vient ainsi remettre en cause la frontière qui depuis Descartes sépare l'homme de la nature. À bien des égards, Silence, l'idiot de village qui sert de héros muet à la bande dessinée de Comès, nous inciterait plutôt à les réconcilier. Son double handicap semble agir comme un révélateur pour le lecteur, mettant en lueur l'humanité des bêtes mais aussi la bestialité des hommes. Au-delà, ses silences, relayés par une écriture qui donne le primat à l'image sur la parole et une esthétique que l'on pourra qualifier de panthéiste, semblent aussi nous inviter à contempler le monde en poète.
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