Évaluation des routes de dévalaison des anguilles argentées du Rhône à travers l’aménagement hydroélectrique de Caderousse - (Compagnie Nationale du Rhône)
Résumé
L’objectif de l’étude présentée ici était de mieux connaître/comprendre le cheminement des anguilles argentées en phase de dévalaison au travers de l’aménagement hydro-électrique de Caderousse ainsi que la répartition des individus entre les deux bras du delta de Camargue (Grand Rhône / Petit Rhône). L’approche mise en œuvre repose sur 4 actions : (1) capturer et marquer (implantation chirurgicale d’un émetteur acoustique) des anguilles, préalablement identifiées comme argentées (stade Durif ≥ III) en amont de l’aménagement de Caderousse (Pk214.0), (2) relâcher les individus marqués au centre de la zone de capture (Pk200.5) (3) enregistrer leur passage dans les voies de dévalaison possibles à travers l’aménagement hydroélectrique (écluse, barrage et Rhône court-circuité ou usine et canal de fuite) et (4) savoir si les individus dévalant qui arrivent en amont de la diffluence utilisent soit le Petit Rhône (Fourques- PK281.0) soit le Grand Rhône (Arles -Pk282.5) ; proxy d’une arrivée en mer Méditerranée par l’un des deux bras du delta).
Pour ce faire des portes de détection composées d’un hydrophone installé sur chaque rive du Rhône permettant de détecter les émissions sonores des marques, ont été installées sur le linéaire des différentes routes de dévalaison possibles ainsi qu’en Arles et à Fourques. A noter qu’après l’aménagement de Caderousse, deux autres aménagements doivent être franchis par les anguilles avant d’arriver en Arles, l’aménagement d’Avignon (Pk233.0) et l’Aménagement de Beaucaire (Pk263.0). Les portes de détection (Pk218.0, Pk220.0 et Pk282.5) sont des passages « obligés » pour les anguilles marquées ayant entamé une dévalaison. Des tests de la qualité d’écoute des portes de détection ont montré qu’il est peu probable de ne pas entendre une marque passer par la porte. Pour mieux évaluer le comportement des anguilles entre le marquage et leur dévalaison, des campagnes de suivi mobile (télémétrie active) sont organisées pour tenter de localiser les individus marqués n’ayant pas encore dévalé.
Un total de n= 234 anguilles ont été marquées (masse minimum = 600 g). N=79 anguilles ont été détectées en dévalaison, principalement la nuit. La majorité des anguilles marquées qui franchissent l’aménagement de Caderousse, n=59 utilisent la route de l’usine et n=14 la route du RCC. N=4 anguilles ont été détectées juste en amont du barrage uniquement et n=2 anguilles ont été détectées en aval de l’aménagement lors des suivis mobiles. Aucune anguille n’a été détectée dans le Petit Rhône (Fourques). Seulement n=18 anguilles sont arrivées en Arles (Grand Rhône) et 14% des anguilles détectées à l’aval de l’aménagement (Pk218) n’arrivent pas au Pk220. Un effet marquage était observé avec 7% des individus marqués qui ont dévalé au cours des 72 h après leur remise à l’eau. Les anguilles dévalaient en se déplaçant assez vite (1 à 3 m s-1 sur deux km) et 2/3 de celles qui arrivent en Arles ont mis moins de 45h (0.4 m s-1) pour parcourir 62 km dont deux aménagements. Une augmentation forte de débit et une baisse rapide de la température de l’eau semblent être un couple de facteurs environnementaux très influant.
N=21 prospections mobiles ont été effectuées à l’amont et n=8 à l’aval. N=102 individus marqués ont été détectés au moins une fois au cours d’un suivi mobile et n= 64 n’ont jamais été contactés. Le nombre total d’individus par mobile à l’amont a varié de 8 à 32 ind. avec une moyenne de 21.3 ind. par prospection. Très peu d’individus ont été contactés à l’aval (entre n=2 et n=4 par prospection). Le nombre total de contacts par individu à l’amont varie de 1 à 16 (moyenne = 4.12 contacts par individu). N=36 individus n’ont été contactés qu’une seule fois, n=8 individus ont été contactés dix fois ou plus au total lors des prospections à l’amont. Par année de suivi, plus de 50 % des individus détectés en prospection de jour, l’ont été une ou deux fois au maximum et plus de 80 % l’ont été trois fois au maximum. Même si le nombre de prospections de jour a varié de 3 à 6 par année de suivi, tous les individus présents ne sont pas toujours contactés. N=68 individus ont été contactés au moins deux fois de suite et n=42 ont bougé de moins de 200 m en moyenne entre deux contacts. Les distances moyennes (resp. maximum) individuelles entre deux contacts varient de 0.04 km à 3.50 km (resp. 0.04 km à 6.64 km). Parmi les n=26 individus qui se sont beaucoup déplacé, n=16 individus ont réalisé de petits déplacements (< 550m) et n=11 individus ont réalisé au moins un grand déplacement de plus de 1.2 km.
L’équipe opérationnelle de l’étude était constituée par des personnels d’INRAE, renforcés par des personnels de CNR, MRM, OFB, Fédérations de pêche locales et des pêcheurs professionnels.
| Origine | Fichiers produits par l'(les) auteur(s) |
|---|