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Rapport (Rapport De Recherche) Année : 1987

Recommandations présentées au Ministre de l'Education nationale

Résumé

Aujourd'hui la richesse d'un pays se mesure par le niveau de formation générale et de qualification professionnelle de sa population. L'Ecole joue un rôle essentiel dans l'élaboration de cette formation et dans l'apprentissage de cette qualification. Promouvoir tous les jeunes au meilleur niveau, avec l'obligation d'une véritable égalité des chances, exige des progressions, des méthodes et donc des voies diversifiées. Une première "idée-force" sur laquelle nous insistons dans ce Rapport, une des principales recommandations qu'il contient, est qu'il faut progressivement substituer à un système éducatif formé de filières divergentes et de choix irréversibles, une Ecole à la fois plus humaine, plus réaliste et plus efficace ménageant toujours plusieurs parcours, autorisant la réussite et la promotion de tous. Nous avions ainsi introduit, à l'occasion des travaux de la "Mission Education-Entreprises" le concept de Baccalauréat Professionnel, ouvrant aux élèves, après le Brevet d'Etudes Professionnelles (B.E.P.),une voie naturelle d'accès au Baccalauréat. Ainsi, à partir de la fin de la classe de troisième existent désormais trois routes pour atteindre le Baccalauréat : les voies générale, technologique et professionnelle. L'introduction du Baccalauréat Professionnel, qui constitue un élément de diversification, devrait contribuer à promouvoir une plus grande proportion de la classe d'âge au niveau d'un Baccalauréat. Cette mesure serait cependant de portée limitée si elle ne s'inscrivait dans le contexte d'une réduction significative du nombre d'élèves orientés, en fin de la classe de cinquième, vers les filières terminales techniques préparant - en trois ans- au Certificat d'Aptitude Professionnelle (C.A.P.). La "Mission Education-Entreprises" avait dans son rapport exposé les différents éléments qui conduisaient à cette recommandation et exprimé les raisons qui justifiaient sa mise en application à la fois déterminée, prudente et sélective. L'objectif à atteindre est d'amener un plus grand nombre de jeunes au niveau d'une classe de troisième avec des possibilités d'orientation encore ouverte sur les trois voies générale, technologique ou professionnelle des lycées. Il s'agit là d'un passage obligé sur la voie qui conduit un plus grand nombre de jeunes au niveau du baccalauréat. Il s'agit aussi de diminuer la hiérarchie des filières. Nous avions recommandé d'accompagner la fermeture de classes préparatoires aux C.A.P. par le développement de 4ème et 3ème "technologiques". Ces classes "technologiques" autorisent en effet, cette orientation ouverte tout en permettant une formation générale plus approfondie et une formation professionnelle plus polyvalente que celle acquise dans les classes préparatoires au C.A.P. En nous appuyant sur l'expérience acquise, nous effectuons (Fiche n° 1) diverses propositions destinées à accompagner leur mise en place progressive. Cependant, la définition d'une politique pour le long terme ne peut justifier que ne soient pas apportées sur le court terme des solutions, même transitoires, aux problèmes des jeunes aujourd'hui en situation d'échec scolaire. , Bien que le sujet apparaisse au premier abord comme en marge des compétences du Haut Comité Education-Economie, celui-ci souligne que l'échec scolaire commence très tôt. A cet égard, il constate que le redoublement du cours préparatoire constitue pour la très grande majorité de ces jeunes un lourd handicap : 70% d'entre eux n'atteignent pas la classe de 4ème des collèges. Il est donc nécessaire, comme le recommandait notamment le rapport de la Commission Nationale sur l'Ecole, de rechercher en priorité un passage sans rupture de la maternelle au cours préparatoire et de se doter des moyens pour éviter un redoublement. Le problème des méthodes les plus adaptées pour les jeunes aujourd'hui en difficulté scolaire demeure posé ; 130 000 jeunes, le plus souvent issus de milieux défavorisés, sortent en effet chaque année du système éducatif sans formation professionnelle. Il s'agit d'ouvrir des voies pour rompre le processus cumulatif d'échec dans lequel ils sont souvent enfermés, de créer les conditions pour l'acquisition d'une qualification et de provoquer leur motivation pour une poursuite de formation (Fiche n° 2). Il s'agit aussi, en amont, de provoquer une amélioration sensible des conditions d'orientation des élèves au Collège (Fiche n° 3) ce qui implique que soient véritablement diversifiés les chemins de la réussite, que les orientations soient moins irréversibles dans leurs effets, que dans le collège soit donnée une meilleure connaissance de la réalité des entreprises et des métiers, que soient mieux mesurés et diffusés les besoins tant qualitatifs que quantitatifs des diverses professions et que soient davantage prises en compte les aspirations réelles des jeunes et de leurs familles. Les diverses voies de formation doivent à cet égard comporter l'acquisition par tous d'une culture générale adaptée aux besoins de notre temps, c'est-à-dire une culture d'où l'économie et la technologie ne soient pas absentes. C'est aussi une culture prenant en compte le contexte international. Nous émettons diverses propositions (Fiche n° 4) visant dans un premier temps à renforcer la formation économique de maîtres enseignant la technologie dans les collèges et lycées professionnels. Nous suggérons aussi (Fiche n° 5) diverses mesures pour développer l'enseignement des langues dans les lycées professionnels. Sait-on en effet que seuls, parmi leurs contemporains scolarisés, les élèves des classes de C.A.P. des secteurs industriels n'ont pas accès de plein droit à l'enseignement d'une langue vivante étrangère ? Nous insistons également sur l'idée qu'il faut désormais attacher aussi un plus grand prix à l'acquisition des méthodes de travail et de raisonnement et mieux préparer les jeunes à l'acquisition des connaissances par la formation permanente. La crédibilité des voies professionnelles repose sur l'existence, pour les diplômés, d'une chance raisonnable d'accès à un emploi. Or, au cours des quinze dernières années, on est passé progressivement, en matière de formation, d'une démarche normative consistant à planifier l'éducation en fonction des besoins à une démarche tendancielle, reposant sur la recherche de solutions ponctuelles aux problèmes de l'insertion des jeunes. Il est clair que cette démarche initiale avait fait la preuve de sa fragilité. Cependant, comme la Mission Education-Entreprises avait eu l'occasion de le souligner, le manque de prévisions d'ensemble, le manque de réflexions sur le long terme, sont aujourd'hui cruellement ressentis : le Ministère de l'Education Nationale, qui devrait être le Ministère du Futur, ne dispose pas de moyens suffisants de prospective capables d'éclairer son avenir. Dans ces conditions les décisions ne font souvent que traduire des dérives naturelles ou satisfaire à des demandes internes au système éducatif, plutôt que de procéder de l'analyse et de la raison. Il est pourtant possible de s'appuyer de façon permanente, comme l'a fait en son temps la Mission et aujourd'hui le Haut Comité, mais avec des moyens trop limités, sur le dispositif français de prévisions économiques et d'études et de recherches sur la formation et l'emploi. Nous effectuons (Fiche n° 6), après une nouvelle analyse de cette question, diverses propositions visant d'une part à améliorer la cohérence de ce dispositif d'études, de recherches et de prévisions, et d'autre part à mieux traiter les informations et à les rendre plus accessibles. En-dehors de ces instances d'études et de recherches, un dispositif joue un rôle essentiel dans l'enseignement technologique et professionnel afin de préciser les besoins de l'emploi en matière de qualifications professionnelles et de traduire ces besoins en termes de formations : ce sont les Commissions Professionnelles Consultatives (C.P.C.). Il s'agit désormais de leur demander de préciser les besoins de l'emploi non seulement en termes qualitatifs mais aussi de tenter de les préciser en termes quantitatifs. Il est souhaitable égale- ment qu'elles se penchent sur le partage entre l'Entreprise et l'Ecole des responsabilités en matière de qualifications à acquérir. Il est clair que ce partage doit tenir compte de nombreux paramètres liés aux professions, aux types de métiers, aux besoins exprimés, au système éducatif et à ses capacités. cours de l'année 1987, diverses études, afin de préciser leurs fonctions respectives et leurs articulations, et d'éviter si possible la duplication de leurs avis. Nous fournissons cependant dès à présent diverses recommandations concernant le Conseil National de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche (CNESER) (Fiche n° 8). Il s'agit de mieux séparer les problèmes intéressant les milieux professionnels de ceux, de loin les plus nombreux, qui sont davantage des problèmes internes aux enseignements supérieurs. Il s'agit aussi de faire s'exprimer les milieux professionnels davantage sous forme d'avis motivés que par leur participation anonyme à des scrutins. Au-delà du fonctionnement du C.N.E.S.E.R., nous avons entrepris l'étude du fonctionnement des enseignements post-secondaires et de l'insertion professionnelle de ses diplômés. On peut espérer à l'an 2000, notamment si des sections préparant au Baccalauréat Professionnel sont ouvertes en nombre suffisant, un flux voisin de 400 000 bacheliers par an, à comparer à 260 000 aujourd'hui, ce qui correspond à la moitié de la classe d'âge, à comparer à moins du tiers seulement aujourd'hui. Même si les bacheliers professionnels, dans leur majorité, n'ont pas vocation à poursuivre des études post-secondaires, il n'en demeure pas moins que l'Université devra être capable d'accueillir plus de bacheliers et de leur fournir une formation de meilleure qualité. Le Haut Comité établira d'ici juin 1987, un dossier structuré et complet sur ce sujet. Ses premières analyses et ses premières propositions (Fiche n° 9) peuvent cependant être, sous leur forme actuelle, un outil utile pour la réflexion. De façon générale, tous les établissements d'enseignement doivent au-delà de leur action éducative, considérer que font désormais partie de leurs missions, l'orientation, l'aide à l'insertion et le suivi des jeunes à l'issue de leur formation. Leur réussite dans ce domaine implique des relations suivies avec les entreprises. Le Haut Comité a entrepris un travail d'analyse concertée d'exemples si5nificatifs afin de dégager les conditions d'un développement réussi de leur coopération avec les Entreprises. Les résultats complets de cette étude seront fournis au cours du premier trimestre de l'année 1987. Dès à présent, le Haut Comité constate (Fiche n° 10) que les conventions de jumelage sont des outils utiles pour faire naître ou renforcer cette coopération et se prononce pour la poursuite de ce type de relations.

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  • HAL Id : hal-02185211 , version 1

Citer

- Haut Comité Éducation Économie. Recommandations présentées au Ministre de l'Education nationale. [Rapport de recherche] Centre national de l'entrepreneuriat(CNE); Haut comité éducation économie. 1987, 141 p. ⟨hal-02185211⟩

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