Une politique de mobilité est-elle une alternative pertinente à la rénovation urbaine ? - MATRiS
Thèse Année : 2024

Is a mobility policy an appropriate alternative to urban renewal ?

Une politique de mobilité est-elle une alternative pertinente à la rénovation urbaine ?

Résumé

In Europe, as in the United States, public authorities pay particular attention to the existence within our cities of neighborhoods that concentrate social problems. Post-war social housing estates, American black ghettos, formerly dynamic city centers - these neighborhoods take many forms and are the focus of specific programs in most countries. In France, action in these areas is known as "Politique de la Ville". The various programs put in place consider that the spatial concentration of poverty is at the root of the disorders observed. Guided by this premise, the public authorities have consistently sought to increase the social mix in these neighborhoods by diversifying the housing stock and population.Despite the sums involved, the results of the urban policy are mixed and difficult to assess. Could it be that improving the situation in these neighborhoods by increasing their social mix is a dead end? Is it possible to improve the lot of residents in neighborhoods where poverty is concentrated more effectively through a policy of increasing individual mobility? This question forms the core of this thesis, which is divided into three chapters.The first chapter is a methodological discussion dealing mainly with the objective that such a policy should pursue. We show that a mobility policy, if it results in improved accessibility to jobs, can be a convincing alternative policy. But we also show that the link between good job accessibility and low unemployment is not self-evident.The second chapter is devoted to the development of a complex urban model to understand the effects of a change in transport supply on the organization of a city in a context of job dispersion and lack of full employment among low-skilled workers. We propose original mechanisms for the distance to jobs and the location of unemployment, enabling us to obtain a city organization close to that observed empirically in a number of French conurbations. The main lesson is that good accessibility to jobs can be accompanied by an increase in the unemployment rate, as the neighborhood becomes attractive to job-seekers.The third and final chapter is an empirical and statistical analysis designed to compare the mechanisms used in the second chapter with real data from the Hauts-de-France and Île-de-France regions. We define and calculate two indicators of job accessibility, one of which represents the level of tension in the job market. We use these indicators, along with a set of control variables, to model the neighborhood unemployment rate using a simultaneous equation error term spatial dependence model (SUR-SEM). An increase in job accessibility will tend to raise the unemployment rate, as the neighborhood becomes more attractive to the unemployed. But if this accessibility translates into a lower level of tension in the job market, it will, on the contrary, translate into a lower unemployment rate.It turns out that the composition of the housing stock has a far greater impact on a neighborhood's unemployment level than its level of accessibility to jobs. But there's no reason to believe that this drop in unemployment is valid for the city as a whole. Poverty is diluted, so to speak. A reduction in the level of tension on the job market by improving people's mobility, on the other hand, will lead to a fall in the unemployment rate at both neighborhood and city level.
En Europe, comme aux États-Unis, l'existence au sein de nos villes de quartiers qui concentrent les difficultés sociales fait l'objet d'une attention particulière de la part de la puissance publique. Quartiers d'habitats sociaux d'après-guerre, ghettos noirs américains, centres-villes autrefois dynamiques, les formes que prennent ces quartiers sont multiples et font l'objet dans la plupart des pays de programmes spécifiques. En France, l'action sur ces quartiers porte le nom de Politique de la Ville. Les différents programmes mis en place considèrent que la concentration spatiale de la pauvreté est à la source des désordres observés. Guidée par cet a priori, la puissance publique n'a cessé de vouloir augmenter la mixité sociale de ces quartiers en diversifiant le parc de logements et le peuplement.En dépit des sommes engagées, le bilan de la politique de la ville est dit contrasté et difficile à évaluer. Se pourrait-il que l'amélioration de la situation de ces quartiers par l'accroissement de leur mixité soit une impasse ? Est-il possible d'améliorer plus efficacement le sort des habitants des quartiers qui concentrent la pauvreté par une politique d'accroissement de la mobilité des individus ? Cette interrogation constitue le cœur de cette thèse qui se compose de trois chapitres.Le premier chapitre est une discussion méthodologique traitant principalement de l'objectif que devrait poursuivre une telle politique. Nous montrons qu'une politique de mobilité, si elle se traduit par une amélioration de l'accessibilité aux emplois, peut constituer une politique alternative convaincante. Mais nous montrons également que le lien entre bonne accessibilité aux emplois et faible taux de chômage n'est pas une évidence.Le deuxième chapitre est consacré au développement d'un modèle urbain complexe permettant de comprendre les effets d'une modification de l'offre de transport sur l'organisation d'une ville dans un contexte de dispersion des emplois et d'absence de plein-emploi chez les travailleurs peu qualifiés. Nous proposons des mécanismes originaux sur la distance aux emplois et la localisation du chômage permettant d'obtenir une organisation de la ville proche de celle observée empiriquement sur quelques agglomérations françaises. Le principal enseignement en est qu'une bonne accessibilité aux emplois peut s'accompagner d'une augmentation du taux de chômage, car le quartier devient attractif pour les demandeurs d'emplois.Le troisième et dernier chapitre est une analyse empirique et statistique visant à confronter les mécanismes utilisés dans le deuxième chapitre aux données réelles des régions Hauts-de-France et Île-de-France. Nous définissons et calculons deux indicateurs d'accessibilité aux emplois dont l'un représente le niveau de tension du marché de l'emploi. Nous utilisons ces indicateurs, ainsi qu'un ensemble de variables de contrôles, pour modéliser le taux de chômage des quartiers à l'aide d'un modèle à dépendance spatiale du terme d'erreur et équations simultanées (SUR-SEM). Un accroissement de l'accessibilité aux emplois aura tendance à faire augmenter le taux de chômage, car le quartier devient plus attractif pour les chômeurs. Mais si cette accessibilité se traduit par une baisse du niveau de tension du marché de l'emploi, elle se traduira au contraire par une baisse du taux de chômage.Il s'avère que la composition du parc de logements a un impact beaucoup plus important sur le niveau de chômage d'un quartier que son niveau d'accessibilité aux emplois. Mais il n'y a aucune raison de penser que cette baisse du chômage soit valable à l'échelle de la ville dans son ensemble. La pauvreté est pour ainsi dire diluée. Une diminution du niveau de tension sur le marché de l'emploi par l'amélioration de la mobilité des personnes, à l'inverse, conduira à une baisse du taux de chômage à l'échelle du quartier et de la ville.
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Dates et versions

tel-04516717 , version 1 (22-03-2024)
tel-04516717 , version 2 (26-06-2024)

Identifiants

  • HAL Id : tel-04516717 , version 2

Citer

Nicolas Juste. Une politique de mobilité est-elle une alternative pertinente à la rénovation urbaine ?. Economies et finances. Université de Lille, 2024. Français. ⟨NNT : 2024ULILA001⟩. ⟨tel-04516717v2⟩
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