Faire durer ses objets, une pratique distinctive ? Consommation et frontières de classe chez les ménages aisés - Ensai, Ecole Nationale de la Statistique et de l'Analyse de l'Information Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Sociologie Année : 2023

Extending objects’ lifespan, a distinctive practice? Consumption and class boundaries in affluent households

Faire durer ses objets, une pratique distinctive ? Consommation et frontières de classe chez les ménages aisés

Résumé

The consumption of conspicuous goods and services has been widely studied in relation to the dynamics of status affirmation in the upper classes. However, ordinary consumption practices also favour the strengthening of class boundaries and may help in identifying complex mechanisms of social distinction. This article studies the ways in which practices aimed at extending durable goods’ lifespan contribute, within well-off households, to renewed forms of social distinction vis-à-vis other households (from the working classes but also from the upper classes). We employ Michèle Lamont’s notion of “symbolic boundaries” to study the interaction between several distinctive repertoires. Relying on statistical data and interviews, we show that the practice of extending objects’ lifespan remains associated with poverty, both statistically and in qualitative representations. We then show how the presence of such practices among well-off households comes with an ambivalent positioning across the socioeconomic boundary. However, these practices serve as a support for the affirmation of other symbolic boundaries –ethical, technical, and aesthetic– and contribute to creating an identity as members of an anti-consumerist elite.
La consommation de biens et services ostentatoires a été largement étudiée en lien avec les dynamiques d’affirmation statutaire des classes supérieures. Pour autant, les pratiques de consommation ordinaire sont également propices à l’affirmation de frontières de classe et à la mise en évidence de mécanismes complexes de distinction sociale. Cet article se propose précisément d’étudier la manière dont des pratiques visant à allonger la durée de vie des biens durables participent, au sein de ménages aisés, de formes renouvelées de distinction sociale vis-à-vis des autres ménages (issus des classes populaires, mais aussi des classes supérieures). Nous mobilisons la notion de « frontières symboliques » de Michèle Lamont, afin d’étudier l’interaction entre plusieurs répertoires distinctifs inégalement mobilisés par les individus concernés. À travers l’exploitation d’enquêtes statistiques et d’entretiens, nous montrons que les pratiques d’allongement de la durée de vie des objets demeurent associées – statistiquement ainsi que dans les représentations – à des situations de forte contrainte budgétaire. Nous montrons alors comment la présence de telles pratiques chez des ménages aisés accompagne un difficile positionnement de leur part le long de la frontière socio-économique. Pour autant, ces pratiques servent de support à l’affirmation de frontières symboliques autres – éthiques, techniques et esthétiques – et participent de la construction d’une identité d’élite anti-consumériste.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
licence : CC BY - Paternité

Dates et versions

hal-04071616 , version 1 (18-04-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04071616 , version 1

Citer

Maël Ginsburger, Julie Madon. Faire durer ses objets, une pratique distinctive ? Consommation et frontières de classe chez les ménages aisés. Sociologie, 2023, 14 (1), pp.29-48. ⟨hal-04071616⟩
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