Educating to the territory(ies) in vocational high school : the ways of living of the "Travellers" though critical geography
Eduquer au(x) territoire(s) au lycée professionnel : les régimes d'habiter des "Gens du Voyage" : une proposition de géographie critique
Résumé
"I have to tell you. My father and I saw gypsies landing in our field. We called the police to come and get them, but they didn't want to go because they were afraid. So we went, because we are not afraid, but also because we needed to harvest our field. But here they are, the gypsies also make shit, they put themselves there, we don't know why. There is plenty of room everywhere, why in the fields, like that?" During a school outing, a pupil spoke out about the installation of caravans in a town in the Essonne. The "gypsies", as he called them, were described as an indefinite group of people who settle and leave in unauthorized places. Between centuries-old anchoring and circulation, Travellers and their way of being in the world are sources of recurrent negative representations and prejudices, not only in the classroom or, as in this case, in the context of school outings, but also in political and media discourse. The Travelers called "Gens du Voyage" in France are an administrative category defined by the mode of habitation at the outset, but with which an ethnic vision is associated (Cossée, 2016). The term "Travellers" is an autonym, referring to territories of circulation and anchorage. The expression of a plurality of local actors enter into the production of the city and cause tensions that manifest themselves in "ordinary" territories, physically close to the students. These elements make the regimes of travelling inhabitation an "ordinary social issue" (Vergnolle-Mainar, 2020). This thesis proposes to collect and analyze the manifestations of this QSO in two municipalities of the Essonne department, from the point of view of different actors in contact with the territories as well as the stakes of their positioning: teachers in the field, actors in the fabrication of school programs, inspectors, trainers, associative actors, and politicians. It explores the possibilities of taking up this theme in vocational high school classes in a critical perspective of the dominant geographical narrative and a fiortiori, the exercise of a geography that allows for active citizenship. Therefore, the thesis articulates the critical social geography - in its methods of data collection, the definition of the subject and the posture of research -, the didactics of geography - and the "educations to".
« Il faut que je vous raconte. Mon père et moi avons vu des gitans se poser dans notre champ. On a appelé la police pour qu'ils viennent les chercher, mais ils n'ont pas voulu y aller parce qu'ils ont peur. Nous alors, on y est allés, parce qu'on n'a pas peur, mais aussi parce qu'on avait besoin de moissonner notre champ. Mais voilà, ils font chier aussi les gitans, ils se mettent là, on ne sait pas pourquoi. Il y a plein de place partout, pourquoi dans les champs, comme ça ? » Au cours d'une sortie scolaire, un élève s'exprime au sujet de l'installation de caravanes dans une commune de l'Essonne. Les « gitans », comme il dit, sont décrits comme un ensemble indéfini de personnes qui s'installent, et repartent dans des endroits non autorisés. Entre ancrages pluriséculaires et circulations, les Voyageurs et leur manière d'être au monde sont sources de représentations et de préjugés négatifs récurrents, non seulement en classe ou comme dans le cas présent, en contexte de sortie scolaire, mais aussi dans les discours politiques et médiatiques. Les Voyageurs appelés « Gens du Voyage » en France sont une catégorie administrative définie par le mode d'habiter au départ, mais à laquelle est associée une vision ethnique (Cossée, 2016). L'appellation Voyageurs ici est un autonyme, renvoyant aux territoires de circulations et d'ancrages. L'expression d'une pluralité d'acteurs locaux entre en compte dans la production de la ville et occasionne des tensions qui se manifestent dans des territoires « ordinaires », proches physiquement des élèves. Ces éléments font des régimes d'habiter voyageurs une « question sociale ordinaire » (Vergnolle-Mainar, 2020). Ce travail de thèse propose de recueillir et d'analyser les manifestations de cette QSO dans deux communes du département de l'Essonne, du point de vue de différents acteurs en prise avec les espaces concernés ainsi que les enjeux de leurs positionnements : les enseignant.e.s sur le terrain, les acteurs de la fabrication des programmes scolaires, inspecteur/trice.s, formateur/trice.s, acteurs associatifs, et politiques. Elle explore les possibilités de s'emparer de cette thématique en classe en lycée professionnel dans une perspective critique du récit géographique dominant et a fortiori, en faveur d'une pratique de la géographie permettant une citoyenneté active. Dès lors, la thèse articule la géographie sociale critique - dans ses méthodes de recueil de données, la définition du sujet et la posture de recherche-, la didactique de la géographie -pour l'entrée par les démarches d'apprentissages et l'analyse des curricula et les « éducations à » comme contribution à la discipline.
| Origine | Version validée par le jury (STAR) |
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